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5 Oct 2011 (FM 98,3))) ( Les Trouvailles a Jello avec Andre Deschenes) En vedette cette semaine; Romaine Ardizzon / plus loin que l\'azur La petite histoire de l’album de Romaine Ardizzon Cet album-là, Romaine l’a porté durant une bonne dizaine d’années. Elle a vainement cherché une maison de disques et une boîte de production de spectacles qui croiraient assez en elle pour investir dans sa carrière. Mais il faut croire que sa musique éthérée et ses cinquante ans faisaient peur aux professionnels du spectacle puisqu’ils ne retournaient pas souvent ses appels. Pour gagner sa vie, elle jouait du piano à droite et à gauche. Elle a également été réceptionniste à Elogia et à L’Image d’Outremont, deux complexes résidentiels du Groupe Maurice, où il lui arrivait de se mettre au piano pour le bon plaisir des résidants et des résidantes. C’est là que Luc Maurice, le président, l’a remarquée. Un jour, Romaine lui a remis une maquette reproduisant trois de ses musiques. Il a dû écouter l’enregistrement une bonne vingtaine de fois. Quand elle a su que sa musique lui était allée droit au cœur, elle lui a dit que son rêve, c’était d’enregistrer un album. Sur ces entrefaites, son médecin traitant a diagnostiqué un vilain cancer qui ne lui laissait pratiquement aucune chance de survie. C’est vers cette époque que Luc Maurice a demandé à Raymond Paquin, un ami et l’auteur d’un livre intitulé Luc Maurice et les nouveaux vieux, de lui donner un coup de main. — Elle rêve d’enregistrer un album. Peux-tu l’accompagner dans cette démarche ? Je prends à ma charge le coût du studio et les cachets des musiciens. L’ex-gérant et producteur de Dédé Fortin et des Colocs, entre autres, a accepté de produire l’album et d’assumer, lui aussi, certaines dépenses. L’enregistrement s’est étiré sur treize mois. Elle y a mis tout son cœur, se reposant entre les sessions quand elle était trop malade pour continuer. La réalisation de l’album a été confiée à Pierre Laurendeau, un excellent musicien et un vieil ami de Romaine. C’est lui qui a choisi les musiciens et les techniciens et qui a construit les arrangements de l’album. Elle était fatiguée. Elle livrait son ultime combat. Elle savait qu’elle allait le perdre, mais elle était si heureuse qu’elle poussait tout le monde à se dépasser. Elle est morte quelques semaines après le mixage de l’album. Luc Maurice a alors demandé à Raymond Paquin de finaliser le projet. — Fais imprimer 600 albums. Nous allons organiser une petite fête à l’Image d’Outremont et remettre une copie de l’enregistrement aux amis, à la famille de Romaine et aux résidants d’Elogia et de L’Image d’Outremont. Ce soir-là, des amis de longue date de Romaine, Sophie Thibault, la chef d’antenne du bulletin Le 22 heures à TVA ainsi que Claude Robitaille, un organisateur d’événements spéciaux, ont décidé de prendre le relais de Luc Maurice. —Cet album-là mérite d’être entendu. Sophie Thibault a découvert Romaine dans un resto de la rue St-Denis, il y a 20 ans. —Toute menue, intense, derrière son piano. Un don du ciel au bout des doigts. Amitié instantanée ! Elle vivait comme une moniale, en toute simplicité. Une seule obsession : sa musique ! Elle est partie trop vite avec ses notes en tête, portée par sa prochaine création, qu\'elle nous a laissée en guise de testament d\'amour. Partie le sourire aux lèvres, sachant que ses notes allaient résonner enfin dans le cœur du plus grand nombre. Elle a sûrement troqué le clavier pour la harpe céleste. Chapeau bas, mon amie, et hommage à toi.
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